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*justeavant
29 mars 2008

Tout le monde est concerné mais tous n'en meurent pas

Absent et détaché au monde, j'imagine que la plupart se font à l'idée que nous passons souvent à côté de notre vie. Moi qui en suis morte, je peux en témoigner, c'est le seul moyen supportable que les êtres humains ont trouvés pour arriver à vivre. On ne sauve que les apparences et pourtant l'on reste toujours déçu du cadeau que l'on reçoit lorsqu'il ne correspond pas à l'emballage. Ces derniers temps je hante un lieu qui s'apparente à une cabine d'essayage. Quand j'y suis rentré pour la première fois il y avait déjà pleins de filles; de ces biches tellement frêles qu'on leur voit les os à travers la peau. J'ai souri pour les saluer, elles m'ont à peine regardées. Je ne me suis pas sentie mal à l'aise pour autant. J'ai eu pitié pour elles et leur prétendue fatuité. Ce qui m'amuse toujours c'est qu'elles sont en majorité conçues sur le même modèle. Elles ont les mêmes mots futiles à la bouche, cette même attitude affichée d'impatience qui en font des femmes forcément désirées et qui n'ont donc pas de temps à perdre. Souvent elles complètent leur tenue en enfilant des chaussures à talons très hauts. Je trouve ça vulgaire. Elles se regardent longuement dans le miroir mais je vois à leur regard qu'elles sont le plus souvent insatisfaites de ce qu'elles y admirent. Je leur souris de nouveau pour essayer de nous donner confiance. Certaines interprètent à leur façon et feignent alors une connivence féminine. Une d'entre elle me dit, moi, le moment que je préfère dans la journée c'est le matin quand j'ouvre grand ma penderie et que j'y choisis le vêtement qui saura faire impression...imaginer la réaction des autres, les regards qui se tournent vers moi... J'étouffe discrètement un fou rire. N'imaginant même pas qu'elle puisse être prise au sérieux une seconde, je lui souffle qu'elle a raison puisque l'habit fait toujours le moine. Je ne sais pas ce que j'attends en prononçant ces paroles. Sûrement un miracle. Quelques minutes passent et d'autres viennent remplacer les précédentes. Dans une amnésie confortable aucune d'entre elles ne se rappellent avoir croisé un fantôme dans un dressing.
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