15 septembre 2008
Nous sommes embarqués
Je m’appelle Axel, je vais bientôt fêter mon trentième anniversaire et je suis fier d'annoncer que je suis fraîchement célibataire. Mon ex-fiancée, comme la plupart des autres qui sont venues avant elle, dit de moi que je suis un fainéant robuste, incapable de réussir ce que j'entreprends puisque j'y mets toujours de la mauvaise volonté. Ma mère aussi me reproche mon immaturité, un comble quand on sait que c'est elle qui m'appelle tous les jours pour savoir comment je vais, si j'ai bien nourri le chat et si j'ai pas oublié de faire ma lessive. Je suis poli, j'écoute leur jérémiades sans rien dire alors que je pourrais à leur manière trouver milles griefs les concernants en commençant par leur faire remarquer que j’aspire à quelque chose de meilleur et qu'elles sont, de ce fait là, loin d'être assez bien pour moi. Les femmes ont le chic pour te faire croire qu'elles sont fragiles et sensibles mais ne supportent aucune faiblesse de ta part.
En attendant, je monte dans le tas de boue qui me sert de voiture, le ventre vide et la tête dans le cirage afin de rejoindre les milliers d’ovins qui se compressent chaque matin dans les embouteillages du périphérique. J’ai pris l’habitude de les observer du coin de mon rétroviseur, leur mine hagarde à mon passage me fait comprendre qu’ils ne me considèrent pas des leurs et pourtant je vois bien qu’ils me ressemblent. Tout comme moi, ils sont dénués d’espoir. Engoncés dans des habits trop étriqués, assujettis à des normes qu’ils les ont transformés en machines lobotomisées qui agissent par réflexes conditionnés, ils ne peuvent plus se voir en peinture. La force de l’habitude a fini par l’emporter, les tentatives de prise de recul ne sont même plus envisagées de peur de devoir remettre en question des années d’aveuglements sécurisants. Non, il n’y a pas d’autres alternatives. Je pousse alors le volume de mon auto-radio à fond et chante à tue-tête le refrain de cette chanson des années quatre-vingt. Nostalgie.
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