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*justeavant
6 février 2008

Voyage initiatique

-Écoute. La bataille qui mettra fin à toutes les batailles n'existe pas, dit le garçon nommé Corbeau. La guerre se nourrit d'elle-même. Elle lèche le sang que la violence a répandu, elle dévore la chair blessée par les combats. La guerre est une sorte de créature autosuffisante qui renaît d'elle-même. Il faut que tu le saches. (...) - Tu dois dépasser la colère et la peur qui sont en toi, dit le garçon nommé Corbeau. Laisser entrer dans ton coeur une lumière rayonnante qui en fera fondre la glace. C'est ainsi que tu deviendras un vrai dur. Alors tu seras enfin le garçon de quinze ans le plus endurci du monde. Tu comprends ce que je veux dire ? Il n'est pas top tard pour te retrouver vraiment. Pense à ce que tu dois faire. Tu n'es pas bête. Tu dois être capable de réfléchir. (...) Qu'y a-t-il vraiment en moi ? Y a-t-il quoique ce soit pour s'opposer au vide ? Si je pouvais éliminer mon existence ? Au coeur de cette épaisse muraille végétale, sur ce chemin qui n'en est pas un, j'arrêterais de respirer, j'ensevelirais en silence ma conscience dans les ténèbres, ferais couler jusqu'à la dernière goutte mon sang obscur imprégné de violence, laisserais pourrir mon patrimoine génétique dans ces sous-bois. Ainsi je pourrais mettre un terme final à ma bataille. Sinon, je continuerais éternellement à tuer celui qui est mon père, à souiller celle qui est ma mère, à salir celle qui est ma soeur et à détruire jusqu'au monde lui-même. Je ferme les yeux, essaie de trouver mon propre centre. Il est recouvert de ténèbres irrégulières, aux bords effilochés. Puis ces nuages sombres se déchirent, et les feuilles des cornouillers scintillent, telles des milliers de lames dans le clair de lune. À ce moment précis, je sens quelque chose se recomposer sous ma peau. Des objets s'entrechoquent dans ma tête. J'ouvre les yeux, inspirent profondément. (...) Je suis un homme vide. Je suis le vide qui dévore la substance. Il n'est rien ici que je doive craindre. Rien. Et je m'enfonce vers le coeur de la forêt. Haruki Murakami - Kafka sur le rivage
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Commentaires
L
j'aime bien aussi (ce passage)
*
maaa> Je ne connaissais pas Murakami avant. Malgré quelques passages intéressants de ce livre, j'ai trouvé l'écriture lourde et parfois confuse mais c'est peut-être dû à la traduction.
M
ahah, c'est juste<br /> vraiment bien ce bouquin<br /> le seul de ce murakami-là que j'ai réussi à lire en entier pour l'instant.
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