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*justeavant
10 janvier 2008

La part de l'ombre

Je me suis retourné et j'ai vu sur son visage l'expression de la peur à jamais figée dans l'éternité. C'était un soldat, un camarade, nous combattions ensemble, nous faisions parti du même camp, il était devenu un ami. Ce sont les circonstances qui nous avaient rapprochés, on se soutenait moralement l'un l'autre pour rendre l'insupportable plus vivable. Enfin c'est moi qui le rassurait surtout, il n'aurait pas accepté de désobéir, et je préférais le protéger en lui racontant ce qu'il voulait entendre. C'est ridicule, puisque tout ça n'a évidemment pas empêché le pire. Il est mort et je me sens presque soulagé, libéré de toutes contraintes. L'atmosphère est putride, je ne peux éviter un haut-le-coeur et je me retrouve, genoux à terre, les mains baignant dans ma bile. Je m'appuie sur le mur de béton pour me relever, fais quelques pas pour atteindre l'air du dehors. Tout à l'heure, il faisait presque nuit à cause des fumées d'obus, maintenant un rayon de lumière pointe à travers les nuages épais. Un vent frais vient me caresser le visage, je ferme les yeux et reprends mes esprits. Il a fallu attendre des jours et des nuits que l'ennemi se décide à attaquer, notre orgueil nous a galvanisé dans l'espoir d'une opération rapide et sans dommage. C'est étonnant la naïveté que l'être humain peut développer devant l'adversité. Demain, à l'aube, je réunirai mes quelques affaires et je partirai loin d'ici. Leur combat n'est pas le mien. La fin ne justifie pas les moyens.
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