16 mars 2008
C'est cela que je cherche...
Elle m'a dit d'une voix calme qu'il était encore temps pour le véritable amour, que ce qui l'a aidée à vivre toutes ces années c'était l'espoir de le vivre ou au moins d'en être le rare témoin. Autrefois, poursuit-elle, en des temps plus obscures, le mensonge passait facilement pour une vérité établie. Prêcher la bonne parole suffisait, pensait-on, pour illuminer les esprits les plus endormis.
Elle me presse la main comme pour souligner de rouge ses paroles que je devine précieuses.
Ne cherche pas la vérité flatteuse, celle qui te confortera dans ton erreur, mets-toi plutôt en quête de celle qui peut faire mal et de laquelle tu tireras un enseignement et peut-être une histoire à raconter.
Je souris à l'entendre prononcer ces mots. Est-ce le délire d'une vieille femme démunie et inquiète ou y'a-t-il encore ici une conscience, une clairvoyance. Le plus difficile certainement est cet ultime acceptation devant la mort, après avoir lutté pour la construction du bonheur d'une vie, surmonter la douleur d'une maladie et la perte d'un homme qui était son mari. Il y a, dans ce dernier état, à la fois une transcendante beauté et une tristesse infinie. Je la regarde et j'ai l'impression de voir toute sa vie dans la profondeur de son oeil devenu étrangement noir.
Elle lisse encore le tissu de son drap d'un geste très lent, puis elle me confesse:
J'ai toujours eu besoin d'illusions, je me suis longtemps accommodée de ce que l'on a voulu m'inculquer, mais mon amour pour la vérité l'emporte aujourd'hui. Avant de mourir, j'aimerais entendre la vérité, sans cela je crois que je ne pourrais jamais dormir en paix.
Je la contemple tendrement, essayant de ravaler des larmes qui viennent déjà me brouiller la vue. Cet aveu si longtemps enfoui au fond de son coeur vient alors la libérer du poids du regret et le silence envahit la pièce. Elle semble être rassurée. Elle ferme les yeux et s'endort. Pour toujours.
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